De l'Ossetie du nord, ce 1er septembre 2004, je ne savais rien. De Beslan, rien non plus.

Je n'étais que la vieille jeune mère d'une petite fille de 2 ans et celle déjà aguerrie d'un jeune homme de 14 ans.
Je ne savais pas que dans cette petite ville d'un petit état de la Fédération de Russie, oubliée du monde, on vénérait l'école au point d'en fêter la rentrée. Chez nous, on fête la sortie.
Ce jour-là, et les deux qui ont suivi, j'ai eu honte. Honte d'être humaine. Honte de ne pouvoir rien faire. Honte que nous en soyons encore là. Honte que l'Histoire ne nous apprenne rien.
Des images ont envahi mon âme, l'ont scarifiée à jamais. Ce soir, en revoyant les images du drame, j'ai pleuré. Pleuré, quand cette mère, agenouillée devant les cadavres de ses deux enfants, a tendu la main pour caresser les cheveux de son plus grand. Pleuré pour ce garçon qui ne voulait qu'une chose, revoir sa mère, et qui la savait morte.
J'ai pleuré avec rage. Avec hargne. A 45 ans, malgré la sagesse et la sérénité dûes à l'âge, je ne suis pas fière de moi, de nous.
J'ai peur. Peur d'avoir à me faire une raison. Peur de ne plus croire en rien.