De mes quatre ans, comme de chaque année qui les précède, je ne me rappelle rien de précis. Un rien qui me handicape, me happe même, car comment raconter, quand vous ne savez pas. Ma mémoire est confuse, perdue dans des grands fonds.
J'ai des méduses à la place de souvenirs, et pourtant, de mon enfance, je ne garde qu'une impression de bonheur, de petite fille heureuse. Comme un grand tourbillon qui m'a emportée d'année en année, jusqu'à ce qu'enfin la vie me rattrape et me fasse voir ce qu'elle était vraiment.
A cet âge, j'avais l'essentiel et le superflu.
Des parents aimants et attentifs.
Un grand jardin.
Des animaux.
Du rire et des pleurs, des moments intenses et magnifiques. Des saveurs et des peurs.
Comme je suis souvent malade, je ne vais pas à l'école.
Mon amnésie cessera quand j'entrerai en cours préparatoire.