Ce n’est pas facile du tout ces ricochets !

Dimanche j’ai commencé mon ricochet 2002 (le 2003 est prêt et dans les tuyaux pour mise en ligne sur le site jeudi, j’essaie de tenir mon rythme de publication hebdomadaire régulière) Mon ricochet 2002 parle de la mort de ma mère. Je n’ai pas pu finir dimanche j’ai essayé de m’y mettre tout à l’heure mais ça coince alors j’ai basculé sur ces mots qui disent la difficulté d’écrire.

Ce n’est pas tant une difficulté lié à un réveil de la douleur. (d’ailleurs y a-t-il eu exactement ce que l’on appelle de la douleur à ce décès ?). C’est plutôt une certaine difficulté un peu décourageante à cerner le passé. Sur les jours que j’évoque j’ai certaines images très précises, là c’est simple, il suffit de les reprendre et de décrire ce que je vois. Mais entre ces images il faut, pour pouvoir faire récit, traquer les transitions. Celles-ci sont plus floues, incertaines même et les écrivant je ne sais pas vraiment si je colle au réel advenu ou si je recrée. (Cela dit l’expérience m’a prouvé que parfois y compris des images très nettes et que l’on croyait parfaitement sûres se révèlent inexactes, confrontées à des éléments objectifs, photos, films, etc… alors ! tout souvenir est une recréation qui parle de notre présent autant que de notre passé, il faut faire avec ça) Il n’empêche que la difficulté à retrouver fait s’interroger sur la validité de l’ensemble du processus.

Et puis au-delà il y a la question de l’intérêt même de ce regard porté sur le passé. Est-ce que ce n’est pas encore et toujours se tourner vers ce qui est mort (voilà où est le lien peut-être avec le thème de l’entrée sur laquelle je bute ) plutôt que vers le présent à vivre dans l’aujourd'hui ?

Pour progresser dans mes ricochets je me suis fait un tableau en mettant en face de chaque année le souvenir que j’y traiterai. C’est du Valclair tout craché ça, un esprit de sérieux un peu excessif voire légèrement névrotique ! Et cet art de faire de ce qui est censé être un jeu une machine qui pourrait devenir pesante ! Pour certaines années je vois de façon évidente ce dont je vais parler, il y a même parfois plusieurs thèmes en concurrence. Pour d’autres, pour beaucoup d’autres c’est le vide apparent. Je sais bien, c’et le principe même de la démarche, c’est aussi en écrivant l’année x que surgiront en ricochet les cailloux de l’année y ou z. Il n’empêche que pour l’instant, vu d’ici, vu de là où je suis, ça me paraît un poil décourageant et je me demande dans quoi je me suis embarqué. N’est ce pas un peu bête d’avaler son temps dans cette écriture qui, même si elle me conduit à certaines découvertes (ou redécouvertes) est tout de même surtout une écriture ressassement ? J’ai aussi des envies fictionnelles et plus ludiques. J’ai notamment deux ou trois scénarios de petites nouvelles érotiques - j’aime bien écrire érotique - qui sont depuis longtemps dans un coin de ma tête et qui sont revenus me titiller l’esprit mais je ne peux pas tout faire. J’écris peut-être assez correctement (à ce qu’on me dit) mais j’écris lentement, très lentement, l’un d’ailleurs expliquant l’autre sans doute…