Je n’ai pas aimé l’année 2002. Et c'est trop frais encore pour que je puisse y fabriquer des souvenirs agréables. D'ailleurs je n'ai pas vraiment envie d'en parler. Je me demande si j'aurais choisi la même chose si j'avais écrit ce billet hier. Ou demain ? En 2002, j’ai eu trente ans. Je me suis débattue avec moi-même à me demander pourquoi je supportais l'insupportable. Cette femme qui m’avait embauchée mais qui de toute évidence était incompétente. Mais elle était très douée en manipulation et harcèlement moral. Rien de ce que je faisais n’était bon. Pourtant elle utilisait mes articles. Me reprochait une chose et son contraire. La double contrainte permanente. J’ai cru devenir folle.

Mais j’ai quand même tenu un an… J’espérais lui faire entendre raison. Ou j’aimais me sentir humiliée comme ça. Je ne sais toujours pas. Après avoir claqué la porte, j’ai mis six mois à m’en remettre : je pensais que j’avais tout raté et que je n’étais capable de rien. Un jour j'ai croisé cette directrice par hasard dans la rue. Elle m’a dit quelque chose comme « après tout ce que j’ai fait pour toi. » Au fond, je ne m’en suis vraiment remise que lorsque j’ai su que la jeune femme qui m’avait succédé avait résisté encore moins que moi.

Peut-être que si j'avais écrit ce billet hier aurais-je préféré souligner que c'est aussi cette anné-là que j'ai enseigné pour la première fois, et que ma foi, j'ai bien aimé ça...
Peut-être est-ce l'année où j'ai définitivement compris que je n'aimais pas les mélodrames ? ou qu'au contraire je les aimais ?

Exercice difficile que ces ricochets. Choisir dans la mémoire est un terrible enjeu: on se construit un présent.