Il y a une deuxième brosse à dents dans ma salle de bain, G. passe pratiquement toutes ses nuits ici et nous mangeons de la tropézienne. Je n'aurais pas cru être capable de vivre cela sans me sentir envahie, sans avoir le sentiment de devoir m'effacer pour un autre être, sans creuver ma bulle et la voir se vider.

On doit attendre la fin de son année universitaire pour savoir où il sera l'année prochaine. S'il s'en sort bien, il pourra, comme il le désire, poursuivre son parcours dans ce même labo, sinon, il devra quitter cette ville et peut-être même ce pays. Je n'y pense pas trop parce que, dans ce cas, j'aurai à choisir entre laisser partir mon amour ou quitter l'entreprise famillale.

Finalement la question ne se pose pas.
G. fini major de sa promotion. L'an prochain nous prendrons un appartement ensemble. Pour l'instant nous achetons une voiture et partons en vacances. Camper. En Suisse. Dix jours. L'un sur l'autre. Pendant 2000 heures. Dans un espace vital réduit à une tente ou une voiture.
Bien que se soit en plein air, j'ai peur de l'enfermement. Je ne pourrais pas claquer de porte si l'envie pressente me saisie. J'ai peur qu'on ne se supporte pas, que nous n'ayons rien à nous dire, que nos rythmes soient (parce qu'ils le sont) vraiment trop différents.

Retour en France, les oreilles pleines des CD de l'auto-radio, les yeux remplis de paysages et de Boris Vian, le coeur plein d'amour et une lettre de résiliation de bail à poster immédiatement.