C'est dans cette maison construite par mon grand-père, que nous figurons sur nos premières photos d'enfants, mon frère et moi. C'est aussi là que s'est bâtie l'entité "mon-frère-et-moi", dans cette chambre commune, ce mobilier transmis par nos parents : un grand lit où nous dormons ensemble. Je ne sais pas m'endormir le soir sans tenir sa petite main. Lui n'a pas toujours envie de me la confier, il m'arrive de le supplier ; il cède toujours. Je l'aime beaucoup.
Il arrive que mes nuits s'agitent. Nous dormons lorsque rentre mon père, et je suis souvent réveillée par les cris de mes parents. Leurs disputes me terrifient, me tétanisent dans mon lit. Mon imagination d'enfant interprète tous ces fracas d'objets ; ici Maman a dû se cogner, c'est sûr ; quel est le vase qui est tombé ? ; mais l'aspirateur doit être cassé maintenant !?
Leurs rancoeurs ne rencontraient que des objets, fort heureusement.
Ils ne s'inquiétèrent jamais de savoir si nous les entendions, et ne surent donc pas quel témoin nocturne je constituais. Les scènes étaient bien trop effrayantes pour que je me risque à les évoquer...
2 réactions
1 De bergere - 14/03/2007, 12:26
Ton récit me replonge dans mon enfance, "bercé" par leurs disputes, leur cris et ses crises... Cela me terrifiait. Je n'en ai jamais parlé avec mon frère, mais j'imagine que lui aussi devait être angoissé dans son lit... Il y avait les objets qui volaient, et puis lorsque vraiment il été très énervé il descendait à la cave taper avec sa hache sur le billot... A cette période il y a eu des cauchemars où je voyais ma mère décapitée dans la baignoire... Bien sur il n’y a jamais eu de violence physique... De la violence verbale "seulement", mais quelle violence!! Une qui, lorsqu’elle m’était adressée, me donnait envie de me taper la tête contre les murs pour faire sortir la douleur, la peine, la culpabilité, la colère, tout un mélange de sentiments difficilement gérable pour un enfant... Ma mère a toujours culpabilisé de nous avoir fait subir leurs disputes... Mon père lui pouvait être adorable, mais ses crises de nerfs faisaient peur... Je peux aujourd’hui en parler, car j'ai enfin accepté mon enfance... J'aurais sans doute été autrement si mes parents avaient formé un couple harmonieux... J’aurais pu être plus sure de moi, plus confiante, moins angoissée etc... Mais cela m'a aussi appris une chose primordiale, que jamais au grand jamais je ne ferais subir ça à mes enfants.
Cacao, tes mots sont touchants, ton histoire bien que différente de la mienne recoupe souvent mon histoire... Dommage qu'il y ait un cable entre nous... Nous aurions pu être voisines, parents d'élèves dans la même école... Nous aurions pu aller prendre un café une fois, discuter de nos mimies... Mais qui sait un jour peut être après avoir fini de courir, je me poserais et ce sera peut-être à côté de chez toi..
Baci
2 De caco - 14/03/2007, 16:13
Beaucoup d'émotion à te lire... et du soulagement aussi : l'expression d'un malaise, c'est quand on a enfin réussi à le faire sortir de soi. Au moins un peu, ou un tout petit petit peu...
Oui, nous pourrions être tout ce que tu décris. Ou encore rien du tout l'une pour l'autre, sans ce câble ;)
Le jour où tu en auras marre de courir, je serai là. Et en attendant... je suis là aussi ;)
Elles sont belles, tes ailes.
Je t'embrasse :)