31, 30 + 1… L’arithmétique de la vie est parfois étonnante… ou simplement évidente. Comme s’il m’avait fallu trente ans de gestation pour arriver enfin à être moi-même – ou plutôt à trouver ce que je suis réellement.
J’ai passé trente ans à essayer de concilier mon appétit pour les mots, la vie intérieure, le rêve, la folie des artistes, les douleurs des idéalistes, bref un monde à moi… avec les nécessités de la vie sociale, de la « vraie » vie. J’avais besoin des deux pour être bien. Besoin de la stabilité de l’une, avec ses rassurances et ses refuges, et besoin de la folie de l’autre… parce que c’est profondément moi. J’avais deux vies, une intérieure et une extérieure. J’ai passé des années à jouer au yo-yo entre les deux, sans trouver le juste équilibre.
En 2006, je parviens à trouver la lumière qui me permettra de marier mes deux vies… Etre au monde sans s’en extraire. Vivre avec ceux que j’aime sans renier qui je suis. Apprendre à dire mes envies et savoir les écouter sans culpabiliser.
J'ai fait des choses folles - en me rendant compte que c'était seulement des choses dont j'avais profondément envie... des choses que je me serais interdites avant. Une fois dans ma vie, me dire que j'aurai vécu quelque chose pleinement. Tout donner, tout recevoir. Me découvrir en même temps que je me révèle.
Je suis née cette année...
J'ai vu le jour cette nuit où j'ai mis mes mains sur un coeur qu'on m'offrait avec une sincérité bouleversante.
J'ai vu le jour lorsque les rivages d'une île m'ont adoptée, comme si j'avais été issue d'ici, de toute éternité.
J'ai vu le jour au pied d'une cheminée, dans une chapelle improbable entre ciel et mer où un archange terrasse un dragon en bénissant les serments muets de deux errances qui s'accompagnent, dans une barque instable perdue au milieu d'un marais, entre deux rochers battus par les vagues rageuses d'une mer sans fin...
J'ai vu le jour chaque jour, en écrivant ce livre d'Heures enluminé de sourires et de béatitudes, en prenant la vie à pleine brassées. Embrasser les heures précieuses et chaque sourire comblé que mon bonheur fait naître sur ces lèvres aimées (et aimantes).
Je suis née cette année... et à présent je peux (enfin) grandir.