Il est six heures du matin et nous nous sommes couchés il y a trois heures. L'homme que j'ai choisi, mon meilleur ami, a lové son corps dans le creux que le mien a marqué sur le matelas, quand je me suis levée. Il ne s'est même pas réveillé, trouvant d'instinct ma tiédeur. Ces gestes infiniment familiers que je veux pour chaque jour de ma vie. Ce soir nos amis, nos familles empliront la salle d'à côté. Tout à l'heure on y mettra des bougies, des couleurs, on choisira la musique. Toute la journée des urgences minimales se succéderont, la cuisine, le téléphone, qui placer où, s'habiller, se coiffer, indiquer la route à ceux qui se sont trompés d'embranchement. Ce sera une journée remplie jusqu'à ras bord, de celle où l'on se couche avec l'impression que le matin même date d'une autre vie, une journée où le souffle manquera, où je ne verrai pas filer le temps, entre la fatigue et l'excitation. Une journée dont le souvenir sera celui d'un flou joyeux et coloré, vivant, agité. Avant ce grand chambardement, je suis seule dans la cuisine. Dans l'aube qui se lève je mets des graines de tournesol sur la terrasse pour les mésanges et les gros-becs. Les chats me tiennent compagnie, et leur silence, après les rires des amis venus en renfort jusqu'à tard dans la nuit, inscrit cette journée dans une solennité toute neuve.

Je me fiance aujourd'hui.