Le premier amour qui dure. Il murmure des Je t'aime à longueur de temps, me fait partager le moindre de ses enthousiasmes, le moindre de ses coups de gueule, me fait rire et sourire. Alors qu'importe que parfois il me fasse pleurer, qu'importe qu'il me jette à la figure les mots qui blessent, sans comprendre les douleurs qu'ils cachent, sans comprendre les plaies béantes qu'ils laissent derrière eux, qu'importe qu'il ne supporte pas de me voir passer du temps à autre chose que de le passer avec lui ?

Les premières douleurs-déchirures. La découverte d'insoupçonnés tourments, un handicap méconnu, tabou, qui me hante et ne fait que commencer de me dévorer. Je deviens incomplète, inadaptée, incomprise sous le joug pesant de la loi du silence réveillée par ma honte mal placée. Seule, sous le poids de la culpabilité. Et mon corps que je hais de me torturer.

Les premières vacances en amoureux, à la découverte des Voges (trop) et de Strasbourg (trop peu). Je me crois heureuse et refuse de voir les signaux de détresse que je m'envoie à moi-même. Je pleure mon retour pour mieux me réjouir ensuite de chaque seconde de l'Andalousie en famille.

Et puis, quelques diplômes attestant de mes capacités théoriques à discourir dans des langues étrangères, la lumière du soleil breton en fin d'après-midi sur une pellicule, mon engagement auprès des causes perdues d'un festival trop culturel (et pourtant) pour arracher de leurs écrans les étudiants qu'il est supposé rassembler, quelques jours à Florence, Firenza, mi amor...