Cette année-là est celle de mon premier souvenir. Une image très vague, je suis assise sur une couverture posée sur des gravillons, des adultes autour de moi et un enfant aussi. L'enfant tend la main vers moi et me touche le bras. Je crie. C'est sa main : il a pu me toucher ! Il pourrait alors me pousser, me faire mal ?! J'ai peur. Je pleure.

Mon plus jeune oncle, qui a alors 5 ans, se fait vertement reprendre par mes grands-parents et ma mère. Ils ont dû croire qu'il m'avait fait mal. Entre lui et moi, ce fut le début de la série de malentendus qui nous éloignera toujours, malgré notre affection et nos ressemblances.
J'aurais pu avoir un grand frère.



Cette année me vit tout de même accueillir un frère. Pas vraiment désiré, lui non plus, il naquit après ce fameux été caniculaire, 12 jours avant mon deuxième anniversaire.
Le fait que je n'ai pas gardé un souvenir de la grossesse de Maman, de l'attente, de l'arrivée du bébé à la maison... ne cesse de m'étonner. De même que d'imaginer qu'avant 1976, de lui, il n'y avait rien. Et que la terre tournait quand même.
C'est probablement cette absurdité qui m'a fait perdre la mémoire.