-Il s'appelle comment? - C'est une fille.

23 Mars 1988. Bout de p'tite demoiselle aux cheveux bruns. Jetée dans la vie. Dans les bras de maman, surtout.

De cette année là je ne me rapelle que ces bribes de récit que j'ai bien voulu m'approprier, que ces petites anecdotes lancées pendant le dessert lors d'un repas de famille, ou près d'un lac, durant une baladant dans l'après midi brumeuse d'un dimanche d'avril.

Des petits détails, le sourire de maman quand elle en parle, les yeux flous de Papa qui ne cesse de maudire le temps qui passe, les cheveux gris sur ses temps, la ride au coin de la bouche.

Mais je vais trop vite.

En 1988, Papa est tout jeune. Rendu gamin par mon arrivée. Il court, prévient tout le monde, se gausse de ses responsabilités, s'extasie de son nouveau statut de papa.

Comme une médaille en chocolat arborée fièrement : je suis papa!

(et dedans ces trois mots là il met tout l'or du monde, tout le Colarado, toutes les Eglises, toutes les montagnes immenses)

Papa a peur d'être maladroit. Papa est fou de moi.

Papa veut être le meilleur des Papas, lui qui n'en a pas.

Il travaille la nuit. Le jour il s'occupe de moi. A quatre pattes a côté de mon transat, il s'émerveille. Il me chante des chansons, agite des peluches, me raconte des histoires de fées et déclairs auc chocolat, me presse de grandir mais pas trop vite quand même.

Je sais siffler et je souris. Je suis une star. Une vraie, qui brille, avec les reflest de cet éclat dans les pupilles de mon Papa.

Papa est vigile. Chien méchant même. Si qulequ'un respire trop fort une zone située à moins de quinze mètres de mon berceau, Papa le villipendie sévèrement.

Ce quelqu'un est immédiatement classé dans la catégorie de "coupables". Toutes ses brutes qui menacent le bonheur de son bébé chéri.

Quand il ne travaille pas la nuit, il dort pas pour autant.

Au moindre bruit, inquiet, il se précipite d'un bond auprès de mon berceau. "Elle va bien".

Lorsqu'il n'entends pas de bruit, inquiet, il accourt d'un saut auprès de mon lit. "Elle va bien"

Oui. Mes parents sont heureux. Tous les trois dans notre petite maison, on déménage pour une plus grande.

1988. L'année où on était encore que trois. L'année ou j'étais bébé chérie, merveille et émerveillement.

Avant de devenir grande fille d'un coup, comme ça.