Je lance moi aussi mon caillou dans la grande rivière de la vie dont Kozlika a libéré le cours.

L'idée des petits cailloux est chère à mon coeur. Les petits cailloux me sont comme des porte-bonheur, j’en conserve précieusement deux comme des talismans, j’en ai relâché d’autres dans mon jardin mais je garde un œil sur eux. Et si les contes en général me font peur car les mésaventures des enfants y sont souvent horribles, le Petit Poucet m'a toujours accompagnée. Des cailloux dans ma poche, et me voilà préservée des abandons et prête à m'amuser sur le bord d'une rivière. Cailloux, ricochets, ruisseaux, de vivants souvenirs d'enfance.

J'ai choisi le chemin de la descente, de 2006 vers ma naissance, du moi un peu bancal du présent vers le bébé tout neuf du passé. Ce chemin là me parle tout particulièrement, je suis toute emplie de mes jeunes années et je veux prendre le loisir de m'en rapprocher doucement pour les savourer encore. Dans cette descente, je ne suis pas toute seule. La petite fille que j'étais me tient la main et me botte les fesses. Elle veut se faire entendre, elle veut que je la ramène en surface, elle veut me rappeler combien j'étais joueuse, débordante d'énergie, amoureuse de la vie, assoiffée de liberté.

L'année 2006, je voudrais la poser comme une borne. Qui clôturerait les années de plomb que j'ai vécues, des années grises et desséchantes. Et comme une promesse, qui pourrait ouvrir vers d'autres rivages.

J'espère que les espoirs que j'y place se concrétiseront. Je le crois. Le grand vent du large m’a soufflée d’ouvrir toute grande la porte.

J'ai la sensation d'avoir à nouveau envie de vivre, de ressentir, de me faire plaisir, d'être en compagnie. Peut-être ai-je enfin franchi une étape dans mon histoire semée de séparations et de ruptures. Ma découverte récente de la blogosphère, de cette parole qui court comme un ruisseau et qui s'échange, a été une invitation à dégager mon esprit des carcans de réflexion que m'impose mon travail, à laisser courir mes idées, à ne plus formater mes pensées dans des cadres conceptuels étriqués. Un premier affranchissement, un heureux présage pour demain.

Je peux dès lors entamer mon avancée et accepter que les premières marches soient pesantes à descendre. C'est un retour à moi. Et je suis bien contente de le tenter en compagnie, de courir avec d'autres sur ce chemin.