Un coup d’œil à ma « check-list » : passeport, billet, piles appareils photo et médocs… Il fait beau. J’ai appelé quelques personnes hier pour les « au revoir » de circonstances. Ce matin, je pars.

Je me souviens de cette idée qui m’était venue un an plus tôt. De partir loin en voyage. Itinérant en « sac à dos ». En Asie. Une amie était enthousiaste. Puis elle s’était rétractée. Des annonces pour trouver des compagnons de voyages ensuite. Quelques réponses et puis la décision qui s’est imposée à moi début janvier. Je partirai seule. Le plus dur est pour moi d’affronter un regard de surprise quand j’en parle. Partir seule m’est déjà arrivée. Moins loin, moins longtemps, ça correspond à mon tempérament à mes envies d’indépendance et de solitude. J’ai 28 ans, et plus les années passent et plus j’ai l’impression que la solitude, le célibat sont mal vus. J’ai 28 ans. 28, C’est mon chiffre bonheur. Un bon cru, m’étais-je dit et pourtant, tant de doutes, de déceptions en cette année.
Un coup d’œil à ma montre alors que j’attends la navette pour l’aéroport. Je suis en avance. Comme pour ce billet, acheté en janvier pour ce voyage, économisé et rêvé les mois suivants. Ce sera en Thaïlande. 3 semaines. Je me suis préparée quelques points d’itinéraires, certains touristiques, d’autres beaucoup moins. Mais je le découvrirai plus tard.
Pour l’instant, je me dis que j’y suis finalement dans cette file d’attente pour l’enregistrement des bagages. Pas la peine d’utiliser l’assurance annulation pour ce trajet.
L’assurance et l’angoisse. En janvier, lorsque j’avais pris le billet, je traversais une période d’angoisse, d’insomnies. Avec le recul, je comprends mieux ce qu’il m’est arrivé. Pour la première fois, j’allais travailler pour un seul et même employeur pour l’année à venir. Pas de possibilité d’être le cul entre deux chaises, de jouer sur plusieurs tableaux. Il faudrait que je fasse avec. Dans une ambiance de boulots morose et avec des collègues très fatalistes, pessimistes. Je commençais à être contaminée. Et il y a eu l’achat du billet, sans prendre l’assurance annulation. Et la peur. Irraisonnée, cette peur, d’avoir jouer mes économies sur un coup de poker. Le lendemain, je trouvais une autre compagnie pour m’assurer, et me rassurer.
Je monte dans l’avion. Escale à Rome. L’Italie est mon deuxième pays. Je m’y sens bien, je pars en confiance. Peut-être aurais-je le temps d’acheter un magazine, d’y boire un caffè macchiato.
L’avion décolle et je réalise les attentes que je me suis faite autour de ce voyage. Une semaine plus tôt, à une copine, je parlais même de voyage initiatique. Juste une mise au point, pour reprendre les paroles d’une chanson. Aller vers un endroit inconnu où je ne connais personne et voir comment je me débrouille. Faire le point sur mes projets, ma vie actuelle, mes doutes. Vivre en retrait selon un autre rythme, me poser dans un endroit et y prendre mes habitudes. Réfléchir sur le tourisme prêt à consommer. Communiquer. Observer. Essayer de comprendre ce qui est différent ou pourquoi ça ne l’est plus. Ce sera un peu tout ça et bien d’autres choses encore.
Mais à ce moment-là, quelque part dans le ciel au-dessus de la Méditerranée, je me dis que j’ai de la chance. Je pars loin, je pars en vacances.