Se souvenir de sa naissance est un exercice périlleux. Parfois pourtant certaines expériences permettent de revivre les sensations du moment, mais le récit s'en fera plus tard, peut-être. C'est une sensation étrange et très angoissante, parce qu'à moins d'être né par césarienne, le moment du passage est une prise dans un étau extrêmement dangereuse. Pas étonnant qu'on reste traumatisé à vie.

Certains en gardent les yeux clos un bon moment. Mais ce n'a pas été mon cas. Et c'est la première chose dont je me souviens que ma mère m'a répété : "tu es née les yeux grand ouverts". Je les ai gardés ouverts depuis, sur la vie et ce que j'en vois. Parfois, j'aimerais bien les avoir fermés. Oublier.

L'autre chose qui fait partie du folklore de ma naissance et pas des moindres : je suis née le jour de l'anniversaire de ma maman. Tu parles de passer son anniversaire à la clinique pour accoucher ! Un joli cadeau. Mais j'étais un cadeau. Et un cadeau de mon père en plus. Pas fière qu'un peu. Bien sûr, partager notre anniversaire n'a pas toujours été facile, je ne sais pas si j'ai toujours aimé ça, il y avait comme une sorte de concurrence, qui n'a guère cessé à ce jour, et ma mère gagnait toujours en plus, puisque je n'ai jamais pu épouser mon papa à moi, même si je l'aimais tellement fort.

En tous cas, ma mère ne m'en a pas voulu d'être née le jour de son anniversaire, à terme en plus, et surtout : "Je t'ai vue naître !", car on ne l'a pas endormie comme il se devait à cette époque sans péridurale, et je suis donc venue au monde dans les han et les ha, petite tête aux cheveux fournis bien noirs, beau bébé bien formé, deuxième d'une fratrie de trois, mais fille unique et combien précieuse.

En attendant, Annie Cordy chantait "Hello le soleil brille !", si, si. Au hit-parade du jour de ma naissance.