Avril 1986. Tchernobyl. Tchernobyl, c'est au bord du Dniepr, j'ai déjà entendu parler de ce fleuve, j'ai lu le Chant du Dniepr de Zalman Shneour, traduit par un certain Fred Midal, pseudonyme de Fedor Balanoff. Je n'ai plus ce livre, où et comment s'est-il perdu ? Je me concentre sur cette question, le 28 avril 1986. Impossible de m'en souvenir.[1] Je me concentre sur ce souci de famille nucléaire.

Comme tout le monde, l'inquiétude. Comme tout le monde l'impression qu'on me prend pour une conne avec le danger miraculeusement stoppé par les frontières françaises. La ligne Maginot des retombées. Lorsque j'apprends la nouvelle, je refuse d'y croire. Je serai plusieurs jours à éviter de regarder la télévision ou écouter les infos parce que je n'ai pas envie de savoir que la Terre pourrait disparaître comme ça, aussi incroyablement facilement qu'une centrale mal construite ou mal surveillée. Ou un fou avec son gros bouton rouge aussi et l'autre fou d'en face qui s'empressera de répliquer.

Si ma propre mort me terrifie ce n'est rien en comparaison du gouffre vertigineux que représente pour moi l'inéluctable disparition du genre humain, un peu plus tôt ou un peu plus tard selon qui gagnera de la folie des hommes ou des lois de l'astrophysique. Est-ce l'une des raisons qui me font aimer la science-fiction ? Peut-être bien tiens. Un autre futur possible. En tout cas cette disparition-là, l'ultime, je ne peux pas m'attarder à y penser trop longtemps sous peine d'être plongée dans une réelle crise d'angoisse.

Et c'est pour ça que mon billet fut vite rédigé, sera court, et vite vite un autre demain :)

Notes

[1] Tiens, j'en retrouve la trace d'un exemplaire en rédigeant ce billet, mazette, mon papa vaut de l'or ! ;)