Je suis entré à Radio Campus par la petite porte. L’antenne de Tours venait de naître, un bébé des étudiants en journalisme. Ca tombe bien, j’en faisais partie. C’est curieux, j’étais venu à l’IUT pour apprendre la radio, ce projet me plaisait, mais j’hésitais à m’y impliquer. J’étais comme un chat craintif de se faire échauder. A vrai dire, le direct, les horaires à respecter à la seconde prêt, la complexité du matériel technique, tout ça me faisait un peu peur. Et puis aussi, devoir se lever de temps en temps à 5 heures et demie du mat’ pour assurer la «tranche info» du matin. Ca oui alors, j’ai rechigné!

Et puis j’ai franchi le pas. Et j’ai adoré ça. Au bout de quelques semaines, je faisais partie des piliers de la radio. A la rentrée universitaire (septembre 2004), j’étais devenu trésorier, directeur des programmes, je coprésentais une émission et participais à deux autres. Je dis pas ça pour me vanter, c’est la stricte vérité. En fait, c’était trop. Voire beaucoup trop. J’ai commencé à sauter les cours. Ma vie tournait autour de la radio. J’en ai même (un peu) délaissé ma copine de l’époque et les sorties entre potes. J’étais accro. Même pendant les vacances, lors de mon stage à Beauvais ville fleurie, sa cathédrale au toit écroulé et son usine Spontex qui pue, je pensais Radio Campus.

Pourquoi cet envoûtement radiophonique, cette attraction pour le micro? Pour plein de raisons. Ce pouvoir enfantin de pouvoir lancer un jingle quand on veut, de faire découvrir une musique. Etre une voix qui rit ou chuchote à l’oreille de l’auditeur (peu importe s’ils n’étaient qu’une poignée à nous écouter), qui lui parle directement, comme s’il était juste à côté. Se retrouver entre copains autour d’un café et d’un micro, faire des émissions entre amis. Et puis surtout, enfin, parler librement de ce qui nous tient à cœur, sans être contraint par une ligne éditoriale, un format strict, ou un chef de rubrique asphyxiant.

J’adorais faire des chroniques piquantes, avec un peu d’humour. Je me rêvais Laurent Ruquier, je faisais vraiment ce qui me plaisait. J’ai même pensé lui envoyer une démo à Europe 1 - et puis je l’ai pas fait. Je sais, tout ça est un peu préntentieux, mais ça m’a permis de prendre de l’assurance. J’ai grandi, je me suis responsabilisé, épanoui… Et puis c’était une chouette expérience de groupe. On a vécu des galères, on a passé des semaines entières sur les rotules, mais ça valait la peine.

Et puis début 2005, je suis parti de l’IUT pour Dortmund et la radio s’est brutalement arrêtée pour moi. Jingle. Générique de fin. Silence radio.