C'est le 4 novembre 1958 que les forces du destin et de ma mère réunies ont décidé de me projeter dans ce monde. Si j'en crois le journal du jour qu'on m'a offert bien des années apres pour un anniversaire, le temps était variable, la bourse en hausse, on a coiffé le nouveau pape Jean XXIII de sa tiare et un pétrolier suédois éperonna un navire norvégien au large de Cherbourg. Mon père, accomplit les formalités de déclaration d'état civil. Il fut pour cela accueilli par Alexis Gobin, officier d'état civil en mairie. Il avait été décidé que je m'appellerai Stephane, Jean puis Francois. Ma mère tenait particulièrement à ce premier prénom, qui devait rappeler celui de ma grand-mère, disparue quand ma mère n'avait que 6 ans. Arrivant au guichet de la mairie, Alexis eut du mal à comprendre mon père, surement ému par la naissance de son premier fils, ou alors ayant un peu trop fêté l'événement avec ses amis. Toujours est il qu'Alexis proposa Jean-Stéphane comme prénom, ce qui fut accepté immédiatement. Les reproches de ma mère ont surement été une cause de dispute. Mais ce prénom, trop long, ne m'a jamais désigné. Enfant on m'avait donné un surnom que le ridicule m'empeche de citer. Par la suite on m'a tout simplement appelé Stéphane. Il m'arrive cependant de recevoir parfois un courrier destiné à ce double que je n'ai jamais connu.